« Avec mes musiciens, c’est main dans la main, depuis toujours » : Emmanuelle Haïm fête les vingt ans de son ensemble Le Concert d’Astrée

Claveciniste et cheffe d’orchestre reconnue de par le monde, Emmanuelle Haïm a mis du cœur à orchestrer le 20e anniversaire de son ensemble à dominante baroque, Le Concert d’Astrée. Après son « gala des 20 ans » en novembre, elle conclut les festivités par une nouvelle production de « Cosi Fan Tutte » au Théâtre des Champs-Elysées à partir de demain soir. Rencontre.

Comme claveciniste, elle a fait ses classes auprès de William Christie aux Arts Florissants, adoubement baroque des plus prisés. Galons confirmés auprès de Daniel Harding et de Claudio Abbado avant que Simon Rattle ne la persuade de devenir à son tour cheffe d’orchestre. Excusez du peu. Et elle sera appelée à diriger les plus prestigieuses phalanges modernes, telles le Berliner Philharmoniker ou le Wiener Staatsoper.

Mais c’est le 20e anniversaire de son propre ensemble, le Concert d’Astrée, qu’Emmanuelle Haïm célèbre aujourd’hui, et avec lui la fidélité à un répertoire, aux instrumentistes, et aux chanteurs qui sont venus nombreux nourrir ses productions. Le programme des festivités, étendu sur plusieurs mois, en est l’illustration. Commencé à Lille (où l’ensemble est en résidence) avec Idoménée d’André Campra, poursuivi avec Didon et Enée de Henry Purcell, et un « gala des 20 ans » à Berlin et au Théâtre des Champs-Elysées, il se conclut dans ce même opéra parisien avec une nouvelle production du Cosi Fan Tutte de Mozart mise en scène par Laurent Pelly qui démarre mercredi 9 mars. Un CD des 20 ans Une fête baroque, vol.2 (Erato) viendra couronner l’ensemble en avril. Nous avons rencontré Emmanuelle Haïm pour évoquer longuement avec elle cet anniversaire.

Lors du gala des vingt ans, la joie affichée autant par les chanteurs stars que par les musiciens de l’orchestre était frappante… Ça, sans aucun doute ! C’est sûr, la musique c’est une célébration. Et on le perçoit d’autant plus quand on a été privé justement de cette chose « communautaire ». Parce que célébrer entre nous c’est sympa, mais célébrer avec les autres, avec le public donc, c’est encore mieux. On a besoin de cet aller-retour avec les spectateurs. Et donc oui, au gala, les musiciens de l’orchestre, les chanteurs du chœur et nos invités sont vraiment venus dans cet esprit-là de partage.